dimanche 21 juillet 2019

L'anticommunisme est toujours une arme idéologique contre les acquis de la classe ouvrière

Voici la mise à jour d'un article du camarade François Tremblay sur l'anticommunisme et ses effets pervers publié sur le site du Parti communiste du Québec 

(https://www.pcq.qc.ca/Dossiers/Autres/Archives/page_article.php?article_id=7110) 


L’anticommunisme est une arme idéologique contre les acquis de la classe ouvrière
L’idéologie anticommuniste, car il s’agit bien d’une idéologie, n’a cessé de gagner du terrain depuis la chute du mur de Berlin il y a 30 ans. C’est la marque non seulement de la droite libérale et conservatrice, mais aussi d’une bonne partie de la gauche social-démocrate. Il est de bon ton dans bien des milieux intellectuels de dénigrer en bloc le communisme, voire de le considérer comme une idéologie criminogène (dixit le tristement célèbre Livre noir du communisme). On n’en finit plus de publier des livres qui dépeignent Lénine comme un bourreau, un dictateur assoiffé de sang et qui présentent la Révolution d’Octobre comme un triste coup d’état orchestré par une poignée de fanatiques. 

Le bilan des pays autrefois socialistes comme l’URSS et les pays d’Europe de l’Est est vu comme étant globalement négatif et n’ayant été qu’une longue suite de crimes et de violations des droits humains. La réalité est pourtant beaucoup plus nuancée que ce portrait totalement manichéen. Non pas que nous devons considérer que le « socialisme réel » était paradisiaque. Il y a eu bien des erreurs et des fautes graves qui furent perpétrées lors de la construction du socialisme, tant en URSS qu’en Europe de l’Est, en Chine, au Vietnam, etc. Nous devons tirer des leçons des aspects négatifs qui existaient dans les pays socialistes pour ne pas répéter les mêmes erreurs à l’avenir. 
D’un autre côté il y a eu aussi bien des aspects positifs dans les régimes socialistes, au niveau notamment des acquis sociaux de la classe ouvrière. La sécurité d’emploi était généralisée, le coût des loyers ridiculement bas, tout comme celui des transports en commun, la proportion de femmes sur le marché du travail était très élevé, les garderies étaient facilement accessibles pour les enfants d’âge préscolaire et l’éducation était gratuite à tous les niveaux. Les protections sociales étaient donc très importantes et la restauration du capitalisme représenta une débâcle majeure pour les droits et les acquis des travailleurs et des travailleuses. Le droit à l’avortement libre et gratuit était garanti dans la plupart des pays socialistes et les femmes de la République démocratique allemande (RDA) l’obtinrent bien avant leurs contreparties de l’Allemagne de l’Ouest. 

Le journaliste et militant communiste français Henri Alleg a bien décrit dans son livre Le Grand bond en arrière, publié pour la première fois, en 1997 les conséquences catastrophiques de l’effondrement du socialisme en URSS (1). C’est un capitalisme sauvage de type mafieux qui s’empara du contrôle de l’économie soviétique en alliance avec les multinationales occidentales et les institutions prédatrices et contrôlées par l’impérialisme américain comme le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale. Alleg a qualifié la privatisation massive de l’économie des pays de l’ex-URSS du « plus grand hold-up de tous les temps ». La nostalgie des bienfaits du socialisme était palpable au sein du peuple qui se sentait floué et trahi par ceux qui lui avaient promis le paradis avec la restauration du capitalisme. En même temps Henri Alleg était très conscient des problèmes qui avaient cours dans les pays socialistes et des graves erreurs qui furent commises par les dirigeants, et pas seulement Staline, et il ne cherche nullement à idéaliser ces régimes politiques. Mais la lourde responsabilité des puissances impérialistes occidentales, et plus particulièrement  les États-Unis, ne peut être éludée. En effet la course aux armements qui fût imposée à l’URSS par les faucons de l’impérialisme américain, tout au long de la guerre froide, constitua une entrave sérieuse au développement économique et l’amélioration des conditions matérielles du peuple. Les pressions de l’impérialisme constituèrent un obstacle majeur au développement de la démocratie socialiste, les dirigeants se sentant constamment assiégés et menacés. Il ne s’agit pas de justifier toutes les violations de la légalité socialiste, mais plutôt de comprendre le contexte dans lequel évolua l’URSS jusqu’à son démantèlement en 1991.

Des reculs sociaux se produisirent aussi en Occident suite à la chute du mur de Berlin. Le camp socialiste représentait un contrepoids au capitalisme et à l’impérialisme. Les forces du marché se déchaînèrent en quelque sorte à partir du début des années 90 et firent reculer les acquis chèrement gagnés de la classe ouvrière. L’intellectuel de gauche américain Michael Parenti démontra avec justesse dans un de ses textes à quel point le « capitalisme à visage humain » fût relégué à l’histoire après la fin de la guerre froide (2). Les interventions militaires impérialistes se multiplièrent aussi, notamment lors de la guerre du Golfe, la guerre en Bosnie, au Kosovo, en Afghanistan, en Irak, etc. Dans les pays capitalistes avancés de l’Amérique du Nord et de l’Europe de l’Ouest c’est la course à l’austérité, à la déréglementation, à la privatisation, à la rigueur budgétaire en coupant dans les services publics et les programmes sociaux, etc. La virulente propagande anticommuniste distillée par les médias et les films hollywoodiens a affaibli sérieusement l’espoir d’une alternative politique dans une grande partie des masses ouvrières et populaires. Ce qui ne facilite pas bien sûr la tâche des organisations communistes qui doivent redoubler d’efforts pour contrer la désinformation et faire la promotion du socialisme en tant que seule alternative à la barbarie capitaliste.
 
Depuis  la première parution de cet article en 2019, il y a eu des campagnes anticommunistes féroces contre la Chine et Cuba. La République populaire de Chine est accusée de perpétérer un génocide contre le peuple Ouïghour au Xinjiang, un territoire autonome situé dans le nord-ouest du pays. C'est une campagne orchestrée par les puissances occidentales et les médias à leur service avec la collaboration du journal d'extrême-droite Epoch Times. La sociologue Danielle Bleitrach trace un portrait très différent de la situation des Ouïghours et parle même d'un développement exceptionnel de cette région à bien des nouveaux depuis de nombreuses années. Voici quelques exemples qu'elle nous donne:
"Les Ouïghours ont été exemptés de la politique de l’enfant unique initiée par la Chine en 1978.
La population ouïghoure au Xinjiang a doublé au cours des quarante dernières années. Entre 2010 et 2018, la population ouïghoure du Xinjiang a augmenté de 25% (tandis que la population han de cette région a augmenté de 2%).
En outre, l’espérance de vie au Xinjiang est passée de seulement 30 à plus de 74 ans depuis 1949.
Les Ouïghours (et d’autres minorités en Chine) obtiennent également de nombreux traitements préférentiels — discrimination positive — dans les collèges et d’autres domaines.
Le PIB du Xinjiang a augmenté de 1000% au cours des 20 dernières années; et la pauvreté absolue dans la région a été totalement éradiquée" (3).

Un drôle de génocide n'est-ce pas? On est à mille lieux de l'holocauste perpétré par les nazis contre les juifs. Mais la religion anticommuniste permet de dire n'importe quelle énormité contre les régimes socialistes encore existants en ce monde. Bien des affirmations mensongères sont encore véhiculées de nos jours au sujet de Staline, de Mao, de la Corée du Nord et sont aussi colportées par une certaine gauche. 
L'ouverture des archives soviétiques dans les années 90 a permis de démontrer la fausseté de nombre d'informations diffusées par les historiens anticommunistes. Le nombre de prisonniers était très inférieur aux chiffres de 8 à 12 millions communément entendus et ce en incluant aussi les prisonniers de droit commun. Le nombre d'exécutions durant les purges des années 30 n'a rien à avoir avec les millions avancés par Soljenitsyne et cie. Il y a eu bien sûr des injustices et des erreurs très graves et on doit les dénoncer, mais sans commune mesure avec les crimes nazis. Il ne faut pas sous-estimer aussi les graves menaces pesant contre l'URSS à la veille de la 2ème guerre mondiale. 

Cuba socialiste a aussi fait face à toute une campagne de propagande mensongère suite à des manifestations orchestrées par des éléments pro-impérialistes et anticommmunistes en juillet dernier. La pandémie et le renforcement du blocus par l'administration Trump ont engendrés bien des problèmes ainsi qu'un certain mécontentement dans la population cubaine, qui furent exploités par les ennemis de la révolution cubaine. 
On répéta encore une fois les sempiternels clichés sur la dictature castriste qui "emprisonnerait" le peuple Cubain depuis 1959, alors que la révolution a chassé du pouvoir un impitoyable dictateur pro-américain, Fulgencio Batista. Le gouvernement cubain a été accusé de mal gérer la pandémie, alors que les médecins cubains travaillent d'arrache-pied pour développer des vaccins.
Le blocus américain nuit terriblement à l'approvisionnement en matériel médical et les autorités font des pieds et des mains afin de protéger la population contre ce terrible virus. Il y a déjà trois vaccins approuvés par les autorités médicales, Soberana 2, Soberana Plus et Abdala. Des pourparlers sont en cours avec l'OMS afin de les faire reconnaître par cette dernière. Encore une fois la pernicieuse propagande anticommuniste a tout fait pour discréditer les efforts et les politiques d'un gouvernement socialiste basé sur la défense des intérêts de la classe ouvrière. 

François Tremblay

https://editionsdelga.fr/portfolio/le-grans-bond-en-arriere/
http://www.pcq.qc.ca/Dossiers/Autres/MaBibliotheque/ReculsSociaux.pdf
https://histoireetsociete.com/2021/01/10/xinjiang-et-ouighours-ce-quon-ne-vous-dit-pas/